Et c’est ainsi que Jim vint à connaître le capitaine… Mais celui-ci
boit et ne paie pas ce qu’il doit. Alors, à la mort du capitaine, sa maman et
lui s’approchent du coffre…
Extérieurement, il ressemblait à n’importe quel coffre de marin. Sur le dessus, on lisait la lettre B. gravée au fer rouge, et les angles étaient tout cassés comme ceux d’un objet longtemps malmené.
- Donne-moi la clé, me dit ma mère.
Bien que la serrure fût très dure, elle l’ouvrit et rejeta le couvercle en arrière en un clin d’œil.
Une forte odeur de tabac et de goudron monta de l’intérieur, mais nous ne vîmes rien sur le dessus qu’un costume en bon très état, soigneusement brossé et plié. Ma mère déclara qu’il n’avait jamais été porté. Au dessus se trouvait un fouillis d’objets hétéroclites : un sextant, un gobelet d’étain, plusieurs rouleaux de tabac, deux paires de fort beaux pistolets, un lingot d’argent, une vieille montre espagnole, quelques autres petits bijoux sans grande valeur (presque tous de fabrication étrangère), deux boussoles montées sur cuivre, et cinq ou six coquillages des Antilles. (…)
Cependant, nous n’avions rien trouvé qui eût la moindre valeur, à l’exception du lingot d’argent et de la montre, qui ne faisaient pas du tout notre affaire. Au fond il y avait un vieux suroît, tout blanchi par le sel au passage de la barre de plusieurs ports. Ma mère le retira d’un geste impatient, et nous vîmes devant nous les derniers objets du coffre : un paquet enveloppé dans de la toile cirée, contenant sans doute des papiers, et un sac de toile qui, au toucher, fit entendre le tintement de pièces d’or.
Jim s’empare alors des pièces d’or et de ce fameux paquet…
Suroît, n.m. : chapeau de marin imperméable, dont le bord se prolonge
derrière la tête pour protéger le cou.
Barre, n.f. : Haut-fond qui se forme à l'embouchure d'un cours d'eau ou
parallèlement à la côte.