Séance 2. Une première fois pour Pierre Loti

Pierre Loti (1850-1923) a mené une carrière de marin et d’écrivain. Voici deux fins au texte Le Roman d'un enfant, que je vous ai proposé... L’une a été écrite par vous, l’autre par l’auteur. Laquelle est quoi ?

Texte 1.

Au fur et à mesure que j’avançais, je voyais la mer qui grandissait… C’est immense, c’est magnifique cette sensation du sable sur les pieds…

Pour la première fois de ma vie, je vis tout cela, je me demandais ce que c’était, comment cela s’appelait, je n’en revenais pas de tout ce sable, toute cette eau, d’où provenait-elle ? Je me posai beaucoup de questions…

 

Plus je m’approchais, plus mon cœur battait…

Je vis de l’eau à perte de vue, peut-être que cette eau ne s’arrêtait jamais. L’eau semblait sale, elle ne donnait pas envie de s’y baigner. Je ne voulais plus la revoir, elle me faisait peur, très peur. Je fixais l’étendue lisse et sombre. Il n’y avait pas de bruit, ni de brise. Les faibles rayons de soleil semblaient ne pas se refléter sur la masse noire et figée.

 

Une chose me marquait, c’était ce magnifique coucher de soleil qui bordait la mer de belles couleurs, d’orange…

 

Je restai en admiration devant cette œuvre de la nature pendant une heure.

Je vis cette plage s’éteindre en ce soir de mois d’août.

 

Je restais à penser à la mer toute la nuit… Je gardais une image froide et inquiétante de la mer, mais je savais que je ne pourrais jamais pour autant m’en défaire.

Texte 2.

Puis, tout à coup, je m'arrêtai glacé, frissonnant de peur. Devant moi, quelque chose apparaissait, quelque chose de sombre et de bruissant qui avait surgi de tous les côtés en même temps et qui semblait ne pas finir; une étendue en mouvement qui me donnait le vertige mortel... Évidemment c'était ça; pas une minute d'hésitation, ni même d'étonnement que ce fit ainsi, non, rien que de l'épouvante: je reconnaissais et je tremblais. C'était d'un vert obscur presque noir; ça semblait instable, perfide, engloutissant; ça remuait et ça se démenait partout à la fois, avec un air de méchanceté sinistre. Au-dessus, s'étendait un ciel tout d'une pièce, d'un gris foncé, comme un manteau lourd.

Très loin, très loin seulement, à d'inappréciables profondeurs d'horizon, on apercevait une déchirure, un jour entre le ciel et les eaux, une longue fente vide, d'une claire pâleur jaune...

Pour la reconnaître ainsi, la mer, l'avais-je déjà vue?

Peut-être, inconsciemment, lorsque, vers l'âge de cinq ou six mois, on m'avait emmené dans l'île, chez une grand tante, soeur de ma grand mère. Ou bien avait-elle été si souvent regardée par mes ancêtres marins, que j'étais né ayant déjà dans la tête un reflet confus de son immensité.

Nous restâmes un moment l'un devant l'autre, moi fasciné par elle. Dès cette première entrevue sans doute, j'avais l'insaisissable pressentiment qu'elle finirait un jour par me prendre, malgré toutes mes hésitations, malgré toutes les volontés qui essayeraient de me retenir...

 

(Contributeurs : Anissa, Djamel, Martin, Juliette, Marie, Clément, Moussa… et X)